Importer de Chine en 2025 : la méthode complète de A à Z
- Ayoub Hassan
- 20 sept.
- 5 min de lecture

Résumé
Importer n’est pas un “coup de chance” mais une suite de décisions maîtrisées : choisir un produit conforme, sélectionner un fournisseur fiable, négocier un cadre contractuel clair, payer en sécurité, contrôler la qualité et franchir la douane sans surprise. Cette méthode te guide pas à pas, avec des exemples chiffrés et des scripts prêts à copier.
1) Clarifie ton objectif, ta marge et ton prix cible
Commence par poser noir sur blanc la marge que tu veux atteindre. Définis le prix de vente TTC, ton prix d’achat rendu chez toi souhaité (landed cost), et déduis la marge brute cible. Si tu vends en B2C avec TVA, fixe d’abord ton prix psychologique, puis remonte jusqu’au prix usine maximum acceptable. Cette approche t’évite de “subir” les coûts logistiques et t’oblige à négocier ce qui compte (dimensions, poids, emballage, Incoterm, délais, SAV).
2) Vérifie la conformité avant de tomber amoureux du produit
En Europe, beaucoup de catégories exigent des normes (CE, RoHS, REACH, EMC, jouets EN71, LVD, etc.). Liste les directives applicables, identifie les tests à exiger et vérifie la disponibilité du dossier technique (rapport de tests, traçabilité des composants, étiquetage, manuel). Un produit non conforme peut être bloqué en douane ou rappelé, ruinant ta marge et ta réputation.
3) Sourcing structuré : 1688 / Taobao / salons / recommandations
Utilise 1688 pour avoir les prix marché chinois et repérer des fabricants. Filtre par ancienneté, capital social, certifications et note clients. Complète par les salons (Canton Fair, Global Sources) et des recommandations d’agents. Construis une short list de 5 à 8 fournisseurs en comparant prix, MOQ, délais, capacités, et communication.
4) Qualification fournisseur : preuves et signaux
Demande le business license, des photos/vidéos d’atelier, des références clients, et, si l’enjeu est important, une visite d’usine ou un mini-audit. Vérifie la cohérence entre ce qu’ils vendent et leur historique. Méfie-toi des offres anormalement basses, des réponses évasives et des changements de conditions au dernier moment.
5) Échantillons intelligents : un vrai protocole
Établis des critères objectifs (dimensions, matériaux, finition, tests d’usage, conformité). Réceptionne l’échantillon avec un procès-verbal simple : mesures, photos, anomalies, décision go/no-go et demandes d’ajustements. Évite de valider un échantillon sans packaging final si l’emballage influence la logistique et la perception client.
6) Négocie tout par écrit : prix, MOQ, délais, Incoterm, pénalités
Convertis la discussion en bon de commande/contrat avec annexes techniques. Fige le prix, le MOQ, le calendrier de production, l’Incoterm (souvent FOB pour garder le contrôle sur le transport), les tolérances, les pénalités de retard et la règle en cas de non-conformité après inspection. Précise le marquage, le packaging, l’étiquetage et les tests obligatoires.
7) Payer en sécurité côté Chine : WeChat, Alipay, Western Union (bonnes pratiques)
En Chine, les paiements courants sont WeChat, Alipay ou Western Union. Sécurise-les avec un acompte modéré (ex. 30%) puis un solde après contrôle qualité satisfaisant et/ou sur présentation de connaissement (BL). Mentionne dans le contrat que tout changement de compte doit être validé sur le cachet de l’entreprise. Garde une preuve claire des paiements (captures, reçu bancaire) et n’envoie jamais 100% avant inspection.
8) Suivre la production : jalons et preuves
Découpe la production en jalons (matières premières, pré-série, 30%, 60%, 100%). Exige des photos/vidéos datées et, si besoin, un contrôle pendant production (DUPRO). Cette discipline réduit les surprises de dernière minute et pose la base d’une relation pro.
9) Contrôle qualité AQL avant expédition
Planifie une inspection finale selon l’AQL adapté à ton niveau d’exigence. Définis les défauts critiques/majeurs/mineurs et les seuils d’acceptation. En cas d’échec, impose re-tri / rework et reinspection. Ne libère pas le solde tant que l’inspection n’est pas validée.
10) Logistique et Incoterms : choisis la bonne stratégie
Pour débuter, FOB est souvent un bon équilibre : le fournisseur livre au port d’embarquement et tu maîtrises le fret. DDP simplifie tout mais coûte plus cher et peut être flou sur la conformité. CIF inclut fret + assurance jusqu’au port d’arrivée, mais tu paies souvent plus que si tu négocies toi-même. Choisis le maritime pour les volumes et le coût au kilo, l’aérien pour la vitesse et les petites quantités, et l’express pour des tests de marché.
11) Douane, droits & TVA : anticipe pour éviter les blocages
Identifie le HS code correct, calcule la valeur en douane (marchandises + transport + assurance), estime les droits applicables et la TVA à l’import. Obtiens ton numéro EORI et mandate un transitaire/déclarant expérimenté. Prépare les documents : facture commerciale, packing list, certificat d’origine si utile, et rapports de tests.
12) Réception, SAV et documentation
À l’arrivée, vérifie la quantité, l’état des cartons, les numéros de lot et conserve un dossier complet (contrat, paiements, rapports QC, douane). Mets en place un SAV simple et prépare un manuel d’utilisation clair si tu vends au détail. Cette rigueur te protège juridiquement et améliore ta note client.
Exemple chiffré complet (500 montres connectées)
Imaginons un prix usine à 12,00 € l’unité pour 500 pièces. Le packaging consolidé porte le poids volumétrique total à 220 kg. En FOB Shenzhen, le fret maritime LCL + assurance + douane te coûte 1 150 €. Les droits sont à 3,7% sur la valeur en douane et la TVA à 20%.
La valeur FOB est de 6 000 €. Ajoute le fret international et l’assurance pour calculer la valeur en douane à 7 150 €. Les droits à 3,7% valent 264,55 €. La base TVA devient 7 414,55 €, donc une TVA à 1 482,91 €. Les frais de dédouanement et de livraison finale s’élèvent à 240 €. Le landed cost total atteint 8 877,46 €, soit 17,76 € par pièce. Si tu vends à 49,90 € TTC, ta marge brute par pièce dépasse 25 €, couvrant marketing, retours et SAV tout en laissant un bénéfice net raisonnable si ton taux de rotation est bon.
Scripts à copier/coller
Premier message fournisseur (anglais court) : “Hello, we’re launching a 500–1,000 pcs batch for EU markets. Please confirm: 1) factory or trader, 2) compliance (CE/ROHS/REACH) with latest reports, 3) MOQ and unit price for our spec, 4) production lead time, 5) FOB nearest port, 6) sample cost and refund policy. Thanks.”
Clause qualité (français) : “Le solde de 70% sera libéré uniquement après inspection finale AQL conforme et/ou sur présentation d’un connaissement original. En cas de non-conformité, le fournisseur s’engage à corriger et représenter la marchandise à ses frais.”
Demande d’emballage optimisé : “Merci d’optimiser les dimensions des cartons pour réduire le coût au m³, sans compromettre la protection. Objectif : palettes EU, empilables, test de chute validé.”
FAQ
Quel Incoterm choisir pour un premier import ? Si tu veux maîtriser les coûts et apprendre, FOB est un bon point d’entrée. Si tu privilégies la simplicité et acceptes un surcoût, DDP peut convenir à petite échelle.
Comment payer un fournisseur en Chine ? Les méthodes courantes sont WeChat, Alipay ou Western Union. Utilise un acompte raisonnable, lie le solde à l’inspection/BL et vérifie toute demande de changement de compte.
Comment déterminer le bon HS code ? Pars d’une description précise, compare dans le TARIC et valide avec ton transitaire. Conserve la trace du classement retenu.
Quels tests de conformité sont indispensables ? Cela dépend du produit : électrique/électronique (LVD, EMC, RoHS), jouets (EN71), contact alimentaire (CE 1935/2004), chimie (REACH). Exige des rapports récents.
Faut-il une assurance transport ? Une couverture basique coûte peu et évite une perte totale en cas d’avarie. Pour LCL/FCL, prends au minimum une “ICC(A)”.
Commentaires